Laurence Thomazo, Responsable du Laboratoire de Famille Michaud Apiculteurs, nous a présenté avec beaucoup de passion son parcours, le laboratoire, et les dessous des analyses polliniques !

Famille Michaud Apiculteurs a fait le choix d’installer un laboratoire interne accrédité CO-FRAC (Accréditation ESSAIS n°1-5527 – Portée d’accréditation disponible sur www.cofrac.fr), constitué de 12 collaborateurs à plein temps, pour protéger l’entreprise et acquérir une ex-pertise poussée sur l’analyse des miels.

Laurence Thomazo, responsable du laboratoire interne de l’entreprise, nous présente en préambule de nos échanges son parcours : « J’ai une formation de chimie industrielle, j’étais initialement dans l’industrie automobile. Aujourd’hui, je suis responsable du laboratoire depuis le mois de novembre au sein de l’entreprise Famille Michaud Apiculteurs. Je suis rentrée dans l’entreprise en 2006 en tant que technicienne de laboratoire en suivi de production et, petit à petit, l’entreprise m’a permis de me former et d’acquérir de nouvelles compétences, d’explorer d’autres sujets. J’ai alors travaillé en qualité produit, plus lié à l’industrie et aujourd’hui j’ai la responsabilité du laboratoire interne de l’entreprise. »

Pour s’assurer de la conformité des appellations géographiques et florales de tous les miels sélectionnés, le laboratoire réalise une analyse pollinique en récupérant les pollens présents dans les échantillons de miels à analyser. Nous avons eu lors de notre visite la chance de pouvoir observer au microscope des grains de pollen !

Laurence nous invite à observer des grains de pollen qu’elle a identifiés au microscope tout en poursuivant ses explications : « 4 salariés dans le laboratoire sont formés pour reconnaitre à l’œil les différents types de pollen (grâce à un travail interne d’identification, de classification et de mémorisation). La reconnaissance des pollens a pour nous une double utilité. Dans le cadre d’un miel toutes fleurs, c’est d’identifier les différentes espèces présentes dans la zone où l’abeille a butiné pour pouvoir remonter à l’origine géographique du miel. Quand il arrive de rencontrer des pollens qu’on ne sait pas identifier, on travaille en réseau avec une cinquantaine d’autres scientifiques dans le monde (réseau issu de la commission internationale du miel) reconnus dans ce domaine d’expertise appelée la mélissopalynologie. Grâce à internet, à des photos, quelqu’un du réseau arrive toujours à donner un indice, validé ensuite par l’ensemble du réseau. Comme nous sommes assez peu d’experts, nous sommes tous très solidaires et nous sommes tous dans cette démarche de ne pas laisser de pollens non identifiés parce que cela peut être un traceur d’une origine ou un traceur d’une évolution de la flore liée au dérèglement climatique ! Ici au laboratoire en complément de l’analyse pollinique, nous goutons systématiquement tous les échantillons car tous les pollens ne traduisent pas un apport de nectar. C’est pourquoi une fois que nous les avons identifiés et comptés, nous avons besoin de savoir si les abeilles ont récolté la fois du nectar (source de sucres pour l’abeille) et du pollen sur la plante ou uniquement des pollens (sources de protéines pour l’abeille). Il doit y avoir une corrélation entre le goût et le spectre pollinique observé au microscope. Cela passe par un examen organoleptique. »

Après quelques minutes passées aux cotés de cette technicienne, certaines de nos idées préconçues tombent : « Toutes les plantes n’ont pas le même pouvoir nectarifère. Pour un miel d’acacia par exemple, si on trouve 15% de pollen d’acacia on considèrera qu’il est pur.  A contrario, pour un miel de châtaignier il faudra dépasser 86% de pollen de châtaignier pour considérer qu’il est pur. »

Pour finir, Laurence nous parle du rôle de transmission et de démocratisation du savoir du laboratoire auprès de l’ensemble des collaborateurs : « Chaque nouveau salarié de l’entreprise Famille Michaud participe à une formation d’initiation à l’analyse sensorielle promulguée par des techniciens du laboratoire et complétée par une présentation des pratiques apicoles pour avoir en tête la globalité du produit que l’on propose et donner du sens ! »